Un Fauve d’or à Angoulême, quelle originalité pour un coup de cœur… Mais comment passer à côté de cet immense classique, comment résister au plaisir de partager ce chef-d’œuvre, comment ne pas supplier ceux qui ne l’ont pas encore ouvert de se jeter sur ce livre ? Alors au diable l’originalité à tout prix, cédons, et parlons de Moi ce que j’aime, c’est les monstres.

L’histoire, peut-être, semble être un bon début pour notre critique : Nous suivons Karen, dix ans, qui grandit à Chicago à la fin des années 60. Fascinée par les monstres fantastiques (fantômes, vampires et autres créatures des ténèbres), elle se représente elle-même souvent sous la forme d’un loup-garou. La réalité, toutefois, dépasse l’imaginaire : elle découvre soudain que des monstres bien plus terrifiants se sont immiscés dans son quotidien. En tentant de résoudre le mystère de la mort de sa belle voisine, Karen va déterrer des secrets, liés aussi bien à son quartier qu’à l’Allemagne nazie, mais elle va aussi trouver en elle une force inattendue.

Cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, est entièrement dessinée aux stylos-bille. Les traits, qui rappellent l’expressionnisme aussi bien que les dessins de Robert Crumb, servent parfaitement l’univers à la fois réel et onirique de ce roman graphique, qui semble tiré tout droit de l’esprit de David Lynch.

Vous voulez un défaut pour faire une vraie critique ? Le seul que nous ayons trouvé : nous trépignons d’impatience en attendant la suite. Vous l’aurez compris : nous, ce que nous aimons, c’est Emil Ferris.

Emil Ferris
Editions Monsieur Toussaint Louverture